PRENDRE SOIN DES ABEILLES, C’EST PRENDRE SOIN DE L’HOMME ET DE SON ENVIRONNEMENT
(ENVIRONNEMENT//BIODIVERSITÉ//ABEILLES)
OBJECTIF : Sensibiliser les enfants (et parents) aux enjeux environnementaux en leur faisant découvrir le monde des abeilles et en leur apprenant à les aimer.
INTRODUCTION
Les abeilles jouent un rôle essentiel pour notre agriculture et donc pour notre alimentation puisque ce sont elles qui transportent le pollen de fleurs en fleurs et participent donc à la reproduction des plantes à fleurs.
Et pourtant à l’heure actuelle, il y a de moins en moins d’abeilles sur notre planète à cause principalement de l’agriculture intensive.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Nous allons revisiter l’histoire des relations entre l’homme et l’abeille, au fil du temps et sur tous les continents.
L’abeille est une ancêtre qui vit depuis plus de 150 millions d’années. Il existe 20 000 espèces d’abeilles. Parmi celles-ci les Apis mellifera, (abeilles mellifères) sont liées aux humains depuis des siècles. Elles sont originaires d’Afrique. Les abeilles vivent en colonies de 20 000 à 60 000 individus et ont une organisation très complexe.
Elles se sont installées autour du bassin méditerranéen, puis en Europe occidentale à la fin de la première ère glacière et ont cohabité avec homo sapiens.
Dès l’Antiquité, en Égypte, en Grèce, à Rome, les hommes ont mis le travail des abeilles à leur service pour leur miel et pour leur cire.
Au Moyen-Âge, une variété de mélliféras « l’abeille noire » européenne est exploitée par les églises chrétiennes qui ont grand besoin de la cire pour leurs cierges.
Au XVIème siècle, lors des conquêtes occidentales, elles voyagent et accompagnent les européens dans la colonisation du monde.
Les conquistadors portugais et espagnols les emmènent en Atlantique : Açores, Madère, Les Canaries.
Au XVIIème siècle, les abeilles apprécient le climat du continent Nord Américain et les amérindiens les appellent : la « mouche de l’homme blanc ». Les abeilles partent à la conquête de l’Ouest.
À l’est de l’Europe, l’abeille noire prospère aussi, de la Baltique à l’Oural, en Pologne, Lituanie, et en Russie. Ces pays deviennent des gros exportateurs de miel et de cire dans toute l’Europe occidentale. À la fin du XVIIème, les abeilles dépassent les frontières de l’Oural avec les Cosaques et les missionnaires orthodoxes. C’est alors la conquête russe de la Sibérie.
Au XVIIIème siècle, elles arrivent en Asie Centrale, dans le Pacifique, en Alaska et à Fort Ross (en Californie du Nord)
En Europe, au milieu du XIXème siècle, on sélectionne les abeilles les plus productives en miel. Émerge alors l’ «abeille jaune» d’Italie, plus douce, qui devient la favorite des apiculteurs. Elles essaiment partout dans le monde, en Amérique du Sud, en Argentine, en Australie, en Nouvelle Zélande et au Japon.
Au XXème siècle, les abeilles arrivent en Chine par le Japon et la Russie.
Aujourd’hui l’abeille jaune a conquis la planète. Dans les années 1960-1970, le frère Adam réussit une hybride que l’on appelle encore aujourd’hui la Buckfast (nom du monastère anglais)
MARCHÉ : géographie et production mondiale
La Chine est le premier producteur mondial avec 24 % (la production de miel augmente plus vite que la construction de ruches. Nous pouvons supposer que le miel à bas prix contient du sirop de glucose.)
Europe : 12%
Turquie : 5%
USA, Russie, Ukraine, Inde, Mexique, Argentine, puis Éthiopie.
Mais la POLLINISATION des cultures rapporte plus d’argent.
Les abeilles transportent donc le pollen d’une fleur vers le pistil d’une autre fleur. Cette pollinisation concerne donc la reproduction de 80% des végétaux que nous consommons.
1° – Sans les butineuses, la production agricole mondiale s’effondrerait.
Aux USA, les agriculteurs utilisent des drones pollinisateurs mais cette solution ne donne pas satisfaction. Alors, ils recourent à la location de milliers de ruches qui sont transportées à travers le pays entre mars et octobre pour la pollinisation des arbres fruitiers (amandiers par exemple). Les techniques d’élevage et de nourrissement des abeilles (antibiotiques et glucose) fragilisent les abeilles et les rendent plus sensibles aux maladies. On importe donc des ruches d’Argentine, d’Australie, de Nouvelle Zélande, d’Europe
Pour prendre la mesure de ce phénomène saisonnier et mondial, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que ce marché représente 180 milliards d’euros (1,5 million de ruches louées à 250$ par ruche). C’est ce qu’on appelle de l’apiculture hors sol. Les ruches sont transportées en cage, par avion, et le problème est que les virus voyagent aussi. Cette économie mondialisée a des conséquences dramatiques.
2° – Depuis 1970, le VARROA destructeur venu de Java (Indonésie), a colonisé la planète sauf l’Australie où il est interdit d’importer d’autres abeilles.
3° -De la même façon, un autre prédateur de l’abeille : le frelon asiatique arrivé à Marseille en 2004, s’étend aujourd’hui dans toute l’Europe. Depuis octobre 2021, arrive aussi le frelon oriental, aussi dangereux que le frelon asiatique pour nos colonies.
4° – Il existe un autre danger, particulièrement grave pour les abeilles et donc pour l’humanité : les produits toxiques utilisés par l’agriculture, les pesticides et particulièrement les néonicotinoïdes qui leur fait perdre le sens de l’orientation, entraînant épuisement, maladie et exposition aux prédateurs.
On trouve des traces des néonicotinoïdes dans les 3/4 des miels du monde. Ils sont en principe non dangereux pour la santé humaine, mais la diffusion est planétaire.
La politique nationale et européenne, concernant l’utilisation de ces produits, spécialement en ce qui concerne les betteraves du nord de la France, ressemble à une valse d’hésitation avec une succession de retrait, et de dérogation. Pendant ce temps, les abeilles meurent.
Des solutions non chimiques existent contre pucerons et noctuelles, mais n’ont pas la faveur des agriculteurs.
Les conséquences sont sévères avec un effondrement des colonies d’abeilles observé depuis 1998 dans le monde entier.
En 2006-2007, 30% à 40% des colonies sont mortes en Amérique du Nord.
En Chine, les abeilles ont complètement disparu dans certaines régions comme le Sichuan par exemple. Les humains doivent polliniser à la main.
5° – Le réchauffement climatique vient lui aussi aggraver le problème en perturbant l’hivernage des abeilles. À tel point que certains apiculteurs installent les ruches en hiver dans leur cave, avec des résultats encourageants.
Les abeilles sauvages déclinent elles aussi.
Tout cela constitue une réelle menace sur la biodiversité et donc sur la vie de l’homme.
QUE FAIRE ?
Protéger nos abeilles
- Agriculture moins chimique (3/7 des pesticides ont été supprimés mais cela ne suffit pas)
- Replanter des haies
- Végétaliser les villes
- Piégeage du frelon asiatique
- Traitement du Varroa
En Europe, a été créé un centre de conservation pour protéger le patrimoine génétique des abeilles.
En Slovénie, l’abeille grise appelée « Carnicas » est classée au Patrimoine Touristique Slovène.
Tout près de chez nous, à Groix, un conservatoire de l’ « abeille noire » a été créé en 2014. ASAN-GX, sur un site proche de Pen-Men. Grâce au Service de Phares et Balises, l’Association ASAN-GX peut occuper une partie des locaux situés dans l’enceinte du phare de Pen-Men pour stages et stockage de matériel.
CONCLUSION
Un monde sans abeille est difficile à imaginer.
Un monde sans abeille pourrait être un monde sans homme.